23 mai 2022

« Vous chantiez,  j’en suis fort aise…..et bien »

A peine le temps de faire quelques branchements, monter la scène pour ce « Bal en Herbe », accueillir les producteurs locaux ayant répondu présents, installer les tables… ah non ! Rentrer les tables ou pas ?

Alors, juste le temps que chacune et chacun soit au poste prévu sur la partition commune (oui, ce parcours harmonieux relève d’une organisation rigoureuse), juste le temps de n’avoir pas à se demander si chaque chose était bien faite, de croiser quelques stagiaires, quelque Méliades même, spontanément attelée à la tâche et…

Il pleut.

Qu’importe, le « bal en herbe », premier pour nous de ce nom, a tôt fait de se transformer en « bal en terre battue ».  Et sous la forêt de poutres de la grange, là où quelques heures auparavant nous partagions avec Pascal le plaisir de croiser les harmonies vocales, ce sont les tables du repas qui fragmentent l’espace, pendant que les quatre musiciens de « la Rousse et les P’tits Roberts »  règlent la toile des fils qui viendront amplifier les sons. Tiens, n’étaient-ils pas eux aussi stagiaires tout à l’heure ?

De nombreux visiteurs, attirés par ce bal ou restés après l’exposition organisée par « Les saisons vagabondes » attablés autour d’un buffet simple de partages. Juste assez pour lier connaissance.

Et encore, laver les couverts, vider les plats, prévoir des timbales, remplir les bouteilles, purger la tireuse à bière, anticiper le déplacement des tables. Toutes choses qui ont dû se faire bien puisque vers 21 heures les premières notes se sont élevées, entraînant dans leur sillage rondes et couples en mode de valses, bourrées, cercles, polkas ou scottish, bien sûr j’en oublie. Penchés sur ce cercle intime qui lie le musicien traditionnel à son instrument, Manue, Nino, Ronan et Louis semblaient loin des éclats de voix comme de rires qui pendant deux bonnes heures ont glissé entre les poutres - vraiment nos aïeux étaient plus petits que nombre d’entre nous- excellents danseurs et découvreurs amusés croisant le pas dans la nuit qui a fini par s’installer. La musique, sous son air faussement facile de danse joyeuse, rhabillée de neuf par la richesse mélodique d’arpèges savants explorant des horizons nouveaux pour l’occasion, nous a poussés de son train tranquille vers l’heure où la fatigue s’insinue dans les corps. Lorsqu’il est sage de savoir que demain encore.

Les nuages eux aussi glissaient devant la lune. Offrant au bruissement de ce qui fait la nuit deux taches de lumière ; le contour net d’un temps suspendu.

Puis il faudra ranger. Mais chut, profitons de ce que ce désir de partage a trouvé l’espace de quelques heures un coin de grange où se lover.

HCC